La vie sans prospectus papier : l'expérience du Super U de Vertou, avec Pierre Godineau - co-associé du magasin
"On a pris cette décision avec cette question en tête : qu’est-ce qui est aujourd’hui futile ? Quand on voit les tonnes de prospectus que l’on a dans nos boites aux lettres, que l’on n’a pas le temps de regarder, qui ne nous intéressent pas du tout et que l’on met à la poubelle. On se dit qu’il faut arrêter !”
Pour ce nouvel épisode, j’ai le plaisir d’accueillir Pierre Godineau, co-associé du Super U de Vertou, pour parler la décision d'arrêter l'utilisation du prospectus papier dans le magasin et de ses différents impacts. On aborde également les thèmes suivants :
- Son histoire et son parcours
- Les enjeux actuels d’un magasin péri-urbain
- La gestion de la crise économique
- L'importance de la proximité avec les fournisseurs
- Comment attirer les jeunes et les fidéliser ?
- Sa vision du futur de la grande distribution
Tout en sachant qu’il n’y a pas eu d’impact significatif pour le Super U de Vertou, pensez-vous que l'arrêt du prospectus papier est une bonne chose ou mauvaise chose ? Est-ce que cela va changer quelques choses pour vos habitudes ?
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Transcript
M. Jonathan: Bienvenue sur le podcast du site « Je bosse en grande distribution ». Je suis Jonathan, fondateur du site. Et après plusieurs expériences comme chef de rayon, et un passage dans le monde des médias, j'ai décidé de faire de « Je bosse en grande distribution » le rendez-vous de celles, et ceux qui vivent le commerce au quotidien. Chaque semaine, je reçois un invité pour parler des nouveaux enjeux passionnants du monde de la grande distribution. On y parle de métiers, de transitions numériques, ou encore des sujets liés à la RSE. Si vous êtes un auditeur fidèle, ou simplement de passage, et si cet épisode vous plaît, pensez à nous laisser une note, ou un commentaire sur les plateformes d'écoute comme Apple Podcast, ou Spotify. Cela nous aide énormément. Cet épisode du podcast est enregistré en partenariat avec Nanotera, agence de communication tactique, et expert de la communication promotionnelle du détaillant. Nanotera accompagne plusieurs enseignes JSA, ou GSS en France dans le déploiement des plans d'action omnicanal et local. Pour en savoir plus, rendez-vous sur nanotera.eu, N-A-N-O-T-E-R-A. Bonne écoute !
::M. Jonathan: Bonjour Pierre.
::Pierre Godinot: Bonjour, Jonathan.
::M. Jonathan: J'ai la chance [euh] d'être dans vos locaux, ici à Vertou [euh] pour l'enregistrement de ce podcast. [Euh], vous êtes le dirigeant associé, si on peut dire ça comme ça, ou le coassocié [euh] du Super U de Vertou, situé en périphérie de Nantes. [Euh], [alors], j'ai voulu vous recevoir sur ce podcast, parce que vous avez fait un choix important, il y a déjà un peu plus d'un an [euh] d'arrêter le prospectus papier dans un magasin [euh] situé en zone urbaine. On peut dire ça comme ça. [Alors], j'ai une première question de présentation, Pierre. [Euh], déjà, qui êtes-vous ? Et quel est votre parcours en grande distribution ?
::Pierre Godinot: [Bon], [bah], bienvenue, Jonathan [euh] au Super U de Vertou. [Euh], [donc], Pierre Godinot. [Euh], c'est une petite visite physique et sympathique. Parce que pour parler un peu de mon histoire, tu as derrière toi la-- notre ancienne vitrine des cadeaux [euh] cartes U. Parce qu'à l'époque, il y avait vraiment de-- distribuer des eaux.
::M. Jonathan: Mais c'est vrai.
::Pierre Godinot: C'était des points, et en échange de ces points, on avait le droit à des cadeaux qu'on a remontés dans cette salle de réunion pour-pour y faire un peu notre vitrine de l'histoire. Parce que moi, je suis un enfant de la grande distribution. Et je suis la troisième génération chez U, dans ma famille. Et même, on peut dire la quatrième génération de commerçants indépendants dans l'alimentaire.
::M. Jonathan: Exact, ton arrière-grand-père a commencé dans le commerce ?
::Pierre Godinot: Ouais, c'est ça. Mon arrière-grand-père était-était primeur, et [donc], avait un camion. Il allait livrer directement ses prod- livrer directement ses produits chez les clients. J'ai d'ailleurs en magasin au rayon fruits et légumes des vieilles caisses qui lui appartiennent, à Jean Godinot.
::M. Jonathan: Ok.
::Pierre Godinot: [Euh], et [donc]-[donc], [voilà], du côté de- du côté surtout de mon père ça. Parce que du côté de ma mère, c'était plutôt des agriculteurs éleveurs bovins. Et puis [ben], ensuite mes grands-parents, que ce soit du côté de mon père, et de ma mère [euh] étaient des petits commerçants dans leur- dans leur centre-ville, leur centre Bourg, on va dire. Commerçants [euh], et [voilà], épiciers, droguerie, puis petit à petit un peu plus de l'alimentaire.
::M. Jonathan: Est-ce qu'il y avait de l'enseigne à l'époque ?
::Pierre Godinot: [Bah], il n'y avait pas d'enseigne. À l'époque, c'était non-- c'était le petit magasin de- le petit magasin du centre-ville, un des tout petits magasins.
::M. Jonathan: Toujours à Nantes, ou ?
::Pierre Godinot: Non, mais moi, je suis originaire des Deux-Sèvres, plutôt, et puis aussi des Mauges. [Donc], côté de ma mère, c'était à Cerizay, Deux-Sèvres. Et du côté de mon père, c'était [donc] à Saint-Macaire, en Mauges, à côté de Cholet. [Euh] et [donc], [euh] mes grands-- mes deux couples de grands-parents, de part et d'autre, ne se connaissaient pas au début. Et ils faisaient finalement le même métier, la même activité.
::M. Jonathan: Mm.
::Pierre Godinot: Et puis [bah], l'activité [euh] petit à petit a pris un peu d'ampleur. Pour la petite histoire, j'ai même mon grand-père maternel qui lui, faisait de la livraison à domicile. C'est-à-dire qu'il avait un camion.
::M. Jonathan: Déjà à l'époque.
::Pierre Godinot: Déjà à l'époque, et il livrait directement chez les- chez les clients. C'est extra-- C'est vraiment cyclique notre métier. Et [donc]-[donc], mes parents se sont rencontrés comment ? Parce qu'ils se sont rencontrés de la manière suivante [euh] le-- les commerces de mes grands-parents grandis- grandissaient-grandissaient un jour. [Ben], ils ont- ils ont eu l'enseigne Unico, parce que c'est des petits commerçants indépendants qui se sont réunis pour acheter ensemble, et cetera, autour d'une- d'une centrale d'achat, une coopérative. Et puis [voilà], je peux refaire l'histoire.
::M. Jonathan: Année 60, à peu près ?
::Pierre Godinot: [Euh] oui, c'est ça, ouais.
::M. Jonathan: Soixante, 70.
::Pierre Godinot: Soixante, 70. Et puis [donc], [voilà], Unico, petit magasin un peu plus grand, un peu plus grand. Et puis, à un moment donné un supermarché [quoi], carrément. Et [donc], mes parents se sont rencontrés dans le magasin [euh] des parents de mon père. [Donc], ma mère a été embauchée, c'est comme ça qu'ils se sont rencontrés. [Donc] je suis un- je suis un enfant de la grande distribution. Parce que [euh] que ce soit du côté de mon père et de ma mère, [euh] mes oncles et tantes sont tous dans ce métier quasiment. [Donc], il y a pas mal de Super U dans la famille, parce qu'on est tous chez U. [Euh] et [donc], moi, j'ai baigné dedans avec mon frère avec qui je suis associé [euh] depuis ma plus tendre enfance. [Donc], quand j'ai fait mes études, et cetera. Après, je me suis spécialisé dans la grande distribution à travers une licence en alternance. [Euh], finalement, j'ai-- je me suis un peu ennuyé [quoi], à cette licence, parce que j'apprenais pas grand-chose.
::M. Jonathan: Tu avais déjà les acquis du terrain avec tes parents.
::Pierre Godinot: C'est ça. [Diaphonie 00:05:03- 00:05:04] les-les réunions de famille. Et puis, même le soir à table, c'est par- ça parlait de boulot. [Donc] Tu apprends des choses quand tu es gamin, [quoi].
::M. Jonathan: Et du coup, c'est-à-dire que tu es passé par plusieurs métiers un magasin, ou tu es passé directement sur un poste de manager, ou ?
::Pierre Godinot: Non, non. Nous, vraiment, on est- on est des gens de terrain, et puis vraiment [euh] avec les valeurs du travail. [Donc], j'ai dû prouver par moi-même en passant vraiment par la petite caisse. Et déjà, tout gamin, moi, quand j'avais-- j'ai le souvenir, je bossais à-à 8 ans, c'est-- neuf ans, 10 ans pour les manutraiteurs en fin d'année. Après, l'été [euh] quand on rentrait de vacances avec mes parents, [bah] « Tiens, tu vas venir, tu vas aider au bazar pour implanter la rentrée scolaire, et cetera. » J'étais gamin, j'ai-- [Diaphonie 00:05:42- 00:05:43]. Je n'étais pas payé, [quoi]. Normal, je-je bossais dans l'entreprise de mes parents pour leur filer un coup de main.
::M. Jonathan: Super souvenir ?
::Pierre Godinot: [Ben] ouais, que de bons souvenirs-[euh] que de bons souvenirs. Et puis c'est comme ça qu'on apprend les choses. Et puis [donc] après j'ai fait [donc]- j'ai fait un bac scientifique, puisque à la ba- à la base, je me dis : « Je ne me dirigeais pas du tout vers ce métier. » Mes parents nous-nous conseillaient de faire autre chose en disant : « [Bah], ouvrez-vous, faites autre chose. Vous êtes- Vous êtes pas- Vous êtes pas prédestinés à faire ce métier. C'est pas parce qu'il faut le faire. Faites autre chose. » [Donc], quand-- Moi, comme mon frère, on s'est ouverts vers d'autres horizons. Et puis, à un moment donné, [ben] quand tu arrives à 18, 19 ans, et que tu veux te payer [euh] ton-ton premier ordinateur portable, ou autre, [ben], tu vas bosser l'été. Et puis- Et puis c'est là que tu comprends que [voilà], ce métier, c'est une drogue. [Euh] et que c'est un métier qui est très passionnant. Et [donc], quand tu mets le pied à l'étrier, en général tu y- tu y restes un-un peu de temps.
::M. Jonathan: Piqué par le commerce.
::Pierre Godinot: Piqué par le commerce. [Donc], [tu vois], j'ai commencé comme ça en réintégrant le magasin de mes parents en tant qu'employé commercial [euh] sur le secteur bazar. Et puis, le manager, à un moment donné, il est parti, donc j'ai repris un peu son rôle, et cetera. Puis là, j'ai dit à mes parents : « [Bon], [ben], finalement [euh], ce que je veux, c'est- c'est- c'est continuer dans ce métier. Mais j'aimerais bien reprendre une formation pour avoir un peu plus le côté théorique, et cetera. »
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: [Donc], j'ai fait cette formation-là qui était une licence pro à Nantes, [là], qui n'était pas mal quand même, avec des profs de très bonne qualité. Et puis- Et puis, j'ai fait mon alternance dans un autre Super U aux Essaims en Vendée, [là], chez Daniel Legue, un ancien industriel. [Donc], j'ai été form-- il m'a beaucoup formé.
::M. Jonathan: Gros magasin.
::Pierre Godinot: Daniel, c'est mon mentor, [rire]. C'est mon mentor, parce qu'il avait l'esprit industriel. Il était chez Yoplait. Il avait fait une super carrière chez Yoplait. Et [donc], il avait un regard un peu neuf, un peu extérieur. [Euh], et [donc], si-- il m'a beaucoup apporté. Et puis, je suis parti de chez lui [euh] pour rejoindre mon frère qui lui, [euh] venait de revenir dans l'entreprise familiale pour-pour l'accompagner, l'aider. Et puis, on avait toujours-- J'ai toujours été très proche de mon frère Thomas. Et j'ai toujours eu le désir de bosser avec lui. C'était réciproque.
::M. Jonathan: C'est un grand frère ?
::Pierre Godinot: C'est un grand frère. Il a quatre ans de plus que moi, oui.
::M. Jonathan: Ok. Juste pour ceux qui-- [Alors], tu n'as pas donné ton âge. Tu as 30 ans, plutôt très jeune pour un associé chez U, un coassocié chez U. [Euh] et tu as déjà finalement un parcours 13 ans dans la grande distribution, même si on ne compte pas forcément avant 18 ans. Mais tu connais très bien le secteur. [Euh] et du coup, aujourd'hui, c'était quoi-- C'est-- [Donc], ça fait quatre ans que vous avez le magasin. [Enfin], vous êtes coassocié du magasin, vos parents sont toujours propriétaires ?
::Pierre Godinot: Ouais.
::M. Jonathan: Et votre quotidien, c'est quoi aujourd'hui ?
::M. Jonathan: [Ben], notre quotidien, [euh] M-Moi, je me vois-- on-on se voit un petit peu comme des-[euh] [ben] des-des pompiers, chefs d'orchestre, on va dire. C'est vrai que depuis le Covid, ça a chamboulé beaucoup de choses. Et moi, je dis souvent : « On a- On a un peu un rôle de pompier quand même. »
::M. Jonathan: Oui, il y a eu un avant, après, tu le sens- tu le sens vraiment comme ça ?
::Pierre Godinot: Oui, clairement. Déjà, c'est vrai qu'avec le covid, on se serrait plus les mains. On a l'habitude de faire tout le tour du personnel, de serrer la main de-de 100 pour cent du personnel.
::M. Jonathan: Ouais.
::Pierre Godinot: Avec le covid, du jour au lendemain, on a tout arrêté la pince. Et mine de rien, ce-ce manque de contact physique a quand même créé une-une fracture, je trouve.
::M. Jonathan: C'est pas revenu depuis ?
::Pierre Godinot: C'est-- Si ça revient, mais disons qu'on essaie de le faire avec parcimonie. Parce que [euh] il y a peut-être plus forcément trop le Covid, mais il y a les grippes et compagnies. On a pris des réflexes, on va dire, d'hygiène, pour éviter tout simplement de- d'être tous malades, et d'être tous en arrêt [rire]. [Donc], c'est vrai qu'on-on se sent un peu comme pompier, parce que finalement, [ben] notre rôle, c'est- c'est d'assurer dans un contexte qui est très compliqué, [euh] de-- par [euh] [ben] le Covid qu'on a connu, [euh] [ben] le-- la guerre ukrainienne qu'on a connue, et qui a- qui a amplifié les phénomènes de ruptures de fonds, et cetera.
::M. Jonathan: Les tensions sur l'emploi aussi, j'imagine.
::Pierre Godinot: Ouais, des tensions sur l'emploi que nous, on connaissait depuis déjà pas mal d'années. Et à contrario, moi, de mes oncles et tantes qui sont plutôt dans des zones rurales.
::M. Jonathan: Ouais.
::Pierre Godinot: Nous, on est en périurbain aux portes de Nantes. On a vraiment eu senti ce-- ces tensions bien en amont.
::M. Jonathan: Parce qu'on a pu penser l'inverse justement qu'en zone rurale, ça aurait pu être plus difficile de recruter.
::Pierre Godinot: [Ben], à l'époque- à l'époque, il n'y a pas très longtemps, mais il y a six, sept ans, on en parlait. Mes oncles et tantes, nous, on avait déjà des problèmes, des tensions sur les métiers de bouche notamment. [Euh] et mes oncles et tantes n'avaient pas ces problèmes-là. Parce que quand tu es- tu es un magasin en ruralité, et qu'il n'y a pas trop de-de-de-de- d'entreprises, entre guillemets, [là], les gens qui ont un poste sont contents de le voir. Ils ne vont pas chercher ailleurs, alors que nous, on est entourés de-de concurrents, et de collègues. [Donc], quand tu bosses en grande distribution, tu as l'embarras du choix pour trouver un-un boulot normalement [rire].
::M. Jonathan: C'est ce que j'allais dire. On-On va en reparler un aussi après, mais on est dans une zone très concurrentielle, ici à Nantes. [Alors], je ne compte pas les nombres de magasins, mais on est entourés de Leclerc, [euh] Auchan, Carrefour qui n'est pas très loin finalement. [Euh] Sans compter [euh] les biocoops, [euh] les maraîchers qui sont quand même-- qui vendent en direct, ici, beaucoup aux alentours de-de Nantes. [Euh] comment vous positionnez finalement chez U ? Vous avez un discours très commerçant, [euh] très local. Comment vous vous positionnez aujourd'hui, commercialement parlant, comparé aux autres ?
::Pierre Godinot: [Ben], [alors] c'est sûr que nous, on voit bien que les parts de marché, [euh] les parts du gâteau ne font-- ne cessent que de-de rapetisser. Ce qu'il y a de plus en plus d'intervenants. [Tu vois], nous, l'année dernière, on a pris un grand frais à Haute Goulaine.
::M. Jonathan: [Ah] ! Oui, oui.
::Pierre Godinot: [Euh] [donc], on voit bien qu'aujourd'hui, [euh] le consommateur, il a besoin de plusieurs formats aussi pour faire ses courses. Parce que si ces enseignes existent, c'est qu'elles répondent à des besoins, et à des- à des consommateurs.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: [Donc], Système U a toujours surfé, on va dire, sur le-le côté [euh] proximité.
::M. Jonathan: Mm.
::Pierre Godinot: Proximité, le-le commerce qui profite à tous. Même si c'est- Même si c'est une ancienne-- [rire] C'est- C'est notre ancienne phrase symbolique, mais nous c'est- c'est l'- l'aspect local, on va dire. Et aussi [euh] proche [alors], proche de ses employés, proche des fournisseurs, et proche des clients. C'est vraiment le trio qui fait que nous, on essaie vraiment de se distinguer là-de- là-dessus. Et je pense que c'est l'ADN de l'enseigne aussi dans chaque magasin U. C'est- C'est le cas aussi pour Leclerc et Intermarché. Mais [bon], chez U, on a une taille intermédiaire par rapport à Leclerc notamment, où [donc], chaque patron associé de magasins.
::M. Jonathan: Surtout ce qu'on a ici, qui sont--
::Pierre Godinot: Ouais, ici, c'est-- [diaphonie 00:11:38- 00:11:39]. Nous, [ben], on est présents en magasin, en surface de vente, pour échanger avec nos salariés, répondre à leurs questions, leurs interrogations, leurs demandes.
::M. Jonathan: Ouais.
::Pierre Godinot: Pour manager, et briefer les gens. Et [donc], cette proximité, elle est importante pour nous, pour les salariés. C'est un peu- un peu la même relation qu'on a avec les fournisseurs, où, [voilà], on essaie de- d'avoir un maximum de fournisseurs directs. Nous, à Vertou, c'est vraiment notre cas. On a montré avec beaucoup de directs. Mais c'est historique, ça a toujours été le cas.
::M. Jonathan: Ok. On peut- On peut-- Vous avez une idée de ce que ça représente en volume et en chiffres d'affaires ?
::Pierre Godinot: Ouais, je pense que c'est à peu près 25, 20, ou 25 pour cent de notre chiffres d'affaires qui [diaphonie 00:12:13- 00:12:14]. C'est énorme !
::M. Jonathan: C'est colossal, Ok.
::Pierre Godinot: Il n'y a pas un secteur du magasin où il n'y a pas de direct. [Donc], forcément, pourquoi le direct ? Parce que tout l'assortiment système U ne peut pas répondre à l'ensemble de notre clientèle.
::M. Jonathan: Ouais.
::Pierre Godinot: Et puis, on va aller chercher aussi à se différencier avec du direct, en allant chercher. Il y a des produits que [euh] les autres enseignes n'ont pas forcément, autre chose que de la marque industrielle nationale.
::M. Jonathan: Et puis, vous avez aussi, on va parler chiffres, mais forcément moins d'intermédiaires, marges que vous pouvez plus facilement piloter aussi.
::Pierre Godinot: [Voilà], moins de références pour le client sur les prix de vente aussi, [donc] forcément les marges sont-sont un peu meilleures aussi.
::M. Jonathan: En-En parlant de proximité, [euh] vous avez quand même arrêté de- d'-- arrêté de distribuer le prospectus papier, qui est quand même un lien important aujourd'hui entre l'enseigne [euh] et les clients. [Euh] Ça-Ça fait quoi ? Ça fait un an et demi que vous avez arrêté le prospectus dans la distribution ?
::Pierre Godinot: [En fait], ça fait-- Moins que ça, ça fait [euh]-- On a arrêté officiellement [euh] la livraison le premier juillet. La-La distribution- La distribution, on l'a arrêtée au premier juillet, mais on a pris la décision six mois plus tôt. Dans le Système U, on commande nos prospectus six mois- six mois à l'avance, comme les autres enseignes, je pense.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Et [donc], on a pris cette décision non pas- non pas dans l'objectif de la proximité, ou de la non-proximité. Mais plutôt dans-dans-dans l'idée de se dire : « Qu'est-ce qui est aujourd'hui fu- futile. » Pour nous, c'était un peu ça. C'est-à-dire qu'on a-- quand on s'est posés, on-- Ça faisait pas mal de temps que ça nous trottait dans la tête, parce qu'on avait des collègues, [euh] je pense notamment à Jean-Luc Pénicaud, [là], à Pierre de Luçon qu'on connaît un petit peu, qui a fait ça déjà il y a pas mal de temps. Il a été très précurseur.
::M. Jonathan: Oui, je dirais y a deux ans.
::Pierre Godinot: Oui.
::Pierre Godinot: Et c'est vrai que nous, on avait toujours-[euh] toujours ça un peu en tête à se dire qui sera le premier. Et c'est un peu notre vision des choses. Nous, on aime bien être les premiers. Ce qu'on dit c'est- c'est important d'être le premier dans ses décisions, dans sa stratégie, parce que c'est le premier qui marque les esprits [euh] pour le client.
::M. Jonathan: Vous êtes le premier chez U, vous le savez, ou ?
::Pierre Godinot: Non, on n'est pas le premier chez U. On a des collègues dans d'autres régions qui l'ont fait avant nous. Par contre, sur Nantes et son agglo, on sait qu'on est le premier à l'avoir fait. Pourquoi-Pourquoi l'avoir fait ?
::M. Jonathan: Auchan avait fait-- avait arrêté déjà il y a deux ans, à Saint-Herblain.
::Pierre Godinot: À Saint-Herblain ?
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: D'accord, peut-être, oui.
::M. Jonathan: C'est que Leclerc avait arrêté en début-début janvier.
::Pierre Godinot: Oui, oui.
::M. Jonathan: Et du coup, vous, vous suivez ?
::M. Jonathan: Chez U, en tout cas sur Nantes, oui, on était- on était le premier, ça c'est sûr. [Euh] on l'a fait, parce qu'on avait envie de le faire déjà depuis pas mal de temps, par conviction écologique. [Euh] surtout quand on a pris la décision, nous, [euh] on n'avait pas connaissance, le contexte qu'on connaît, [là], sur les-- l'inflation.
::M. Jonathan: L'inflation économique.
::Pierre Godinot: Oui. [Euh], telle qu'elle est aujourd'hui et sur notamment la flexion des é-- l'inflation des énergies sur le coût de l'électricité. On n'avait pas connaissance de ça, qu'on a pris la décision. On a eu de la chance, entre guillemets, parce que quand on a appris les inflations l'éner-- de l'énergie, on s'est dit : « [Bah], tiens, ça sera de bonne aumaine-- [euh] d'aubaine de faire des-des économies. »
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: [Euh], mais on n'a pas pris cette décision par rapport à ça, parce qu'on n'avait pas déjà assez de connaissance du contexte encore.
::M. Jonathan: C'était purement écologique ?
::Pierre Godinot: Oui, c'était plus écologique, vraiment. En se disant [euh] nous-même, on-on se met toujours dans la place du client. On dit toujours à nos équipes : « Mettez-vous dans la place, dans la tête d'un client. Vous voyez, comme si vous étiez un client. » Et nous-mêmes, en tant que client, [ben], on a une vie comme tout le monde. On a une maison, une boîte aux lettres. Et si on entre, quand on voit les tonnes de prospectus qu'on a dans notre boîte aux lettres. Qu'on a pas le temps de regarder, et qu'on ne prend pas le temps de regarder. Qu'ils nous intéressent pas du tout.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Qu'au final, on fout à la poubelle dans le sac jaune pour recycler. Allons-y, mais c'est du n'importe quoi. Il faut arrêter. Mais à un moment donné, pour arrêter, il faut qu'il y en ait un qui ait le courage de le faire. [Donc], on s'est dit vraiment : « Est-ce que- Est-ce qu'on va perdre en chiffre d'affaires ? » Franchement, j'en suis pas persuadé. Est-ce qu'on ne voit pas les clients venir dans les- dans les magasins avec les catalogues ? On se disait : « Oui, et pourquoi pas, peut-être sur les opérations type foire aux vins autres. Peut-être qu'on s'en tirera. » Mais on s'est dit : « Le risque en vaut au-- [euh] la chandelle. [Euh] [donc], arrêtons, essayons, soyons les premiers- les premiers. Et ayons l'audace de le faire. Et puis, [ben], on verra bien. » Je ne pense pas que le commerce va s'écrouler. Au pire des cas, si on perd un petit peu de chiffres d'affaires, [ben] on s'en sortira et puis on le récupèrera l'année suivante.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: [Ben], [voilà], tentons-tentons le coup, [quoi].
::M. Jonathan: Mais c'est aussi une question de génération. Vous êtes plutôt jeune, donc forcément, vous-- peut-être que vous l'utilisez moins aussi le prospectus papier. [Euh], si on compare peut-être à une population plus âgée, [euh] d'ailleurs, est-ce qu'eux, vous ont- vous ont fait des retours ? [Euh] qu'est-ce qu'ils ont pensé de cette décision ? Je crois que vous n'avez pas trop communiqué finalement, sur l'arrêt du prospectus, il y a quelques mois.
::Pierre Godinot: [En fait], ce que-- quand on a décidé d'arrêter, [euh] on a communiqué par notre réseau Abribus. Parce que nous, on a un réseau de 19 faces sur Nantes, [là], à Sud Loire surtout. On avait surtout communiqué sur les Abribus, sur Internet par la communication sponsorisée. C'est à peu près tout. Et puis, en magasin, mais bien en amont. [Euh], on a anticipé, nous, [euh] cette communication, en distribuant aussi en ligne de caisse des stop-pub. C'est-à-dire quand on a pris la décision, [euh] ça devait être trois mois avant l'arrêt des tracts, [là], début juin.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: On a distribué à tire-larigot en ligne de caisse des stop-pub. On en a même envoyé dans les boîtes aux lettres de clients.
::M. Jonathan: Pour préparer les clients déjà.
::Pierre Godinot: Oui, pour préparer les clients. Et puis, en disant : « [Ben], tiens, si nous, on arrête d'envoyer les catalogues, et [ben], les clients qui vont mettre le stop-pub sur les boîtes aux lettres ne recevront pas non plus les catalogues de Leclerc, et des concurrents. » [Donc], on s'est dit : « Stratégiquement, en faisant ça, [euh] le client, il ne va pas recevoir le catalogue du Super U de Vertou, mais pas non plus de ses concurrents. » [Donc], on a anticipé en faisant ça, et puis en disant : « On va peut-être-- on va être le premier. [Euh] ça sera vertueux, ça sera positif. »
::M. Jonathan: C'est bien, non ?
::Pierre Godinot: Ouais, ouais. Au moins, on a plutôt bien pensé à la stratégie. Je pense qu'on s'est bien débrouillés là-dessus. Ce qui fait qu'on a sincèrement [euh], quasiment eu aucun retour à l'accueil de clients déçus [euh] par l'arrêt de la distribution des tracts. Aussi, parce que [euh] on a conservé nos co-- des commandes de tracts. On cons-- On continue d'en commander, de les distribuer à l'accueil, à l'entrée du magasin.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Ce qui fait que les personnes en-- [euh] du troisième âge, qui viennent d'ailleurs quasiment tous les jours dans notre magasin.
::M. Jonathan: Ils viennent le récupérer à l'accueil.
::Pierre Godinot: [Voilà], le lundi, ou même la semaine d'avant. Ils les récupèrent, et puis, ils l'ont leur catalogue, [en fait].
::M. Jonathan: Ça ne les a pas bouleversés en quelque sorte ?
::Pierre Godinot: Non, non, ça n'avait pas changé l'- ça n'avait pas changé l'envie.
::M. Jonathan: Vous êtes un peu à contre-courant, justement du Système U. On voit chu-- Dominique Secher, il n'y a pas très longtemps, qui disait que Système U n'arrêtera pas le prospectus papier. [Enfin], vous allez réduire la voilure, mais [euh] pas l'arrêter définitivement. [Euh]-[Euh] c'est quoi la position ? Votre position à vous par rapport à U ? [Euh] Est-ce qu'ils suivent ce que vous faites ? Est-ce que vous remontez de l'information ? Comment ça se passe ?
::Pierre Godinot: [Euh] la différence, c'est que nous, on ne fait pas de politique. [Donc], quand on prend une décision, on la prend en fonction de ce qui nous paraît être bon, et pas en fonction de ce que les gens peuvent penser.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: [Euh] Système U nous a contactés [euh] aussitôt après avoir arrêté la distribution, [là], courant juillet, comme tous nos collègues.
::M. Jonathan: Alors ? Alors ? Alors le chiffre, qu'est-ce que ça donne ? Comment ça se passe ? Qu'est-ce qu'ils disent, les gens ?
::Pierre Godinot: [Hey] ! Non, mollo ! On vient tout juste d'arrêter.
::M. Jonathan: C'est trop tôt pour en tirer des conclusions.
::Pierre Godinot: Ça fait 15 jours, trois semaines, un mois que-qu'on a arrêté. Qu'est-ce que vous voulez qu'on vous dise [là] ? Il faut un- Il faut un peu de recul avant d'analy- d'analyser la situation.
::M. Jonathan: Mm.
::Pierre Godinot: [Donc], après coup, [euh] mon-- nos collègues à chaque GEP, tous les mois, nous reposaient la question. Et puis, à-à chaque fois on leur disait : « [Bon], [bah] [voilà], c'est-- [voilà], pour l'instant, c'est comme ça, et cetera. »
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Et puis, Système U nous a pas trop sollicités [euh] après par rapport à cette décision. Et finalement, je pense que d'autres collègues ont fait la même chose dans d'autres régions. [Donc], on nous a pas forcément sollicités sur notre point de vue, tout ça, à ce niveau-là.
::M. Jonathan: Ok.
::Pierre Godinot: [Donc], nous, on a vraiment agi sur notre zone. Et puis- Et puis c'est tout, [quoi]. Mais c'est vrai que le-- ce que-- [euh] le discours de Dominique Secher, [euh] j'ai-- je partage pas forcément la même vision, parce que mon frère non plus. D'ailleurs, on est en phase sur tout ce que je dis [rire].
::M. Jonathan: C'est intéressant. J'espère qu'il nous écoute.
::Pierre Godinot: Oui, il nous écoutera. Et [euh] parce que certes, il y a une économie derrière ça. Mais je veux dire, dans-dans chaque activité, dans chaque éno-- économie, je pense qu'y-- les choses s'anticipent. Et je pense qu'aussi le domaine de l'impression et du papier évolue. C'est-- É- Évoluent depuis déjà plusieurs années. [Bah], c'est que l'arrêt du tract, l'arrêt du papier, et cetera, [euh] c'est pas une grande surprise. Et c'est- c'est quand même un sujet de long terme. Et je dirais même qu'on a été un peu tardifs pour le faire. On aurait pu-- [Euh] Notre métier aurait pu aller plus rapidement sur ce sujet-là. [Donc], je pense qu'il y a une phase de transition pour eux à prendre. Et je pense qu'ils l'ont déjà en grande partie prise quand même.
::M. Jonathan: Mm.
::Pierre Godinot: [Euh], après, c'est tout à chacun de prendre les bonnes décisions dans-dans la stratégie de leur entreprise. Après, je pense aussi que la-la distribution du catalogue en boîtes aux lettres, [euh] l'arrêt du moins, de cette distribution n'est peut-être pas faisable n'importe où. C'est un peu mon point de vue, [hein]. Parce que nous, on s'est permis de le faire. Parce qu'on est en périurbain, on est dans le cœur de Vertou. [Euh] notre zone de chalandise, elle est [euh]-- elle est no-- elle est importante en termes de nombre de-de-de personnes. Et on ne va pas chercher très loin en ki- en kilomètres. [Euh] quand on est plutôt dans le rural, où [là], la zone de chalandise, c'est 30 kilomètres, parce qu'il y en a. Il y a quand même des- des magasins qui ont les zones de chalandise très, très larges, où [là], les clients [ben] ne frai-- ne-ne passent pas régulièrement devant le magasin, n'ont pas de communication urbaine, ou autre. [Là], je-je sais pas. Je ne dis pas qu'on aurait pris la même décision si on avait été à Pétaouchnok [rire].
::M. Jonathan: Je pense que finalement, votre zone de chalandise, elle s'étend à quoi ? À 10 kilomètres max, même pas ?
::Pierre Godinot: Oui, oui, même pas- même pas. Nous, on- Nous, on tire un peu dans le vignoble, on va dire. On va aller chercher un petit peu jusqu'à Roquefeuil sur Maine, mais c'est- c'est à peu près tout. Après, le-le cœur de-de notre marché, c'est Vertou.
::M. Jonathan: Vertou même, oui.
::Pierre Godinot: Vertou et puis les-les-les communes [euh]--
::M. Jonathan: Haut de Goulaine. [Diaphonie 00:21:37- 00:21:39]. C'est pas forcément à ce qu'on dit, mais, oui.
::Pierre Godinot: Oui, oui, bien sûr, mais oui, c'est nous, c'est vraiment notre ville. Et puis, les-- il y a une densité très forte. [Donc], on ne va pas chercher très loin en distance.
::M. Jonathan: Quelles solutions vous avez mises en place pour remplacer le prospectus ?
::Pierre Godinot: On-On avait anticipé en-en digitalisant notre communication en interne, [donc] par des-des grands écrans, [euh] et des télés qu'on avait--
::M. Jonathan: En points de vente ?
::Pierre Godinot: En points de vente.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: [Euh], et puis, on s'est aussi adossés [euh] avec un outil [euh] sur les réseaux sociaux, [là], sur Facebook, [là]. L'enseigne nous avait donné un outil, [là] Deep Reach d'un prestataire, sur lequel on s'est adossés le premier semestre, pour faire de la communication sponsorisée.
::M. Jonathan: Pour faire de la publicité sur Facebook, Instagram ?
::Pierre Godinot: Au bout de deux ou trois mois, on savait que c'était plié. On s'était engagés sur six mois, [donc] on a- on a été jusqu'au bout de notre engagement. Et puis, on a arrêté. Puis, on s'est dit : « [Bah], après tout, avec notre page Facebook, on a 2 000 abonnés. On a possibilité de sponsoriser les opérations qui nous- qui nous seront importantes. Et puis, ça fera le même effet [quoi]. » [Donc], ce qu'on fait depuis le-le mois de janvier de cette année 2023. Et [donc]- Et [donc], pour l'instant, ça-ça mar-- ça fonctionne très bien comme ça.
::M. Jonathan: Parce que Dieprich, il faisait de la publicité [donc] géolocalisée [euh] pour rediriger les gens [euh] vers le prospectus en ligne. Et ça, de votre côté, c'est pas que juste vous mesuriez. Ou vous ne voyez pas les impacts en termes- en termes de chiffres d'affaires ?
::Pierre Godinot: Non, on n'a pas du tout ressenti [euh] la chose. On n'a pas- On n'a pas du tout ressenti de- d'effets positifs ni négatifs. Mais [euh] à notre [euh]- à notre propre usage, quand on voyait des-- parfois des notifications qu'on recevait de collègues qui étaient à l'autre bout de-- du département hôte, on s'est dit : « Il y a un gros souci sur leur système de géolocalisation. C'est pas au point, donc autant arrêter. » Et puis, c'était relativement coûteux aussi. [Donc], aussi au regard du-du prix, ça-ça ne valait pas la peine de continuer.
::M. Jonathan: On peut donner de tu-- un ordre d'idée en termes de budget, ce que ça représentait, ou ça reste tabou ?
::Pierre Godinot: Oui, non. [Euh] et de mémoire, c'était 350 euros par opération. [Euh] la-- ça devait être la campagne. Il y avait deux types de campagnes avec Deep Reach. Je crois que c'était, oui, de-de cet ordre-là, 350 euros par catalogue.
::M. Jonathan: [Donc] budget divisé à la fois en achat média, et en prestation aussi de la plateforme, j'imagine ?
::Pierre Godinot: [Euh], non, [en fait], c'était- c'était que de l'achat.
::M. Jonathan: C'était que de l'achat média ?
::Pierre Godinot: Oui. Nous, on passait commande sur la plateforme, et puis c'est tout. On faisait rien d'autre. Et ils faisaient rien d'autre. [Donc], ils sponsorisaient sur les réseaux sociaux, type Facebook, et puis aussi sur-sur les sites Internet avec la géolocalisation. C'est pas non plus un budget qui est- qui est énorme. Mais disons, au regard de ce que ça rapportait, rien du tout. On a décidé d'arrêter puis de se dire : « [Bah] quitte à mettre ce budget dans le-- dans la sponsorisation des publications Facebook. On peut faire des trucs sympas. »
::M. Jonathan: Du coup, vous avez une page Facebook, un compte Instagram, comment vous-vous pilotez ça en interne ?
::Pierre Godinot: On a qu'une page Facebook, on n'a pas de compte Instagram. J'étais pas-- On é-- J'étais pas convaincu de-de l'intérêt de la page Instagram pour notre métier. Et pour l'instant, c'est- c'est moi, et mon frère qui-qui l'utilisons, parce ce qu'on a avait de-- Mais on a l'intention de le- de le déléguer à-à quelqu'un dans le personnel.
::M. Jonathan: Ok.
::Pierre Godinot: Mm.
::M. Jonathan: Et la-- idem les retours ? Difficile à mesurer, j'imagine. Vous partagez quoi sur Facebook ? C'est plutôt de la promo ? Vous partagez des valeurs de l'entreprise ?
::Pierre Godinot: Ouais, [euh] c'est pas- c'est pas trop--
::M. Jonathan: C'est plutôt stratégique.
::Pierre Godinot: C'est pas trop notre fort. C'est pas- C'est pas notre fort. Je pen- Je pense qu'on peut faire mieux. C'est pour ça qu'on va aussi vers-- on va déléguer ça à quelqu'un qui aura le temps de s'en occuper à plein temps, on va dire.
::M. Jonathan: Ouais.
::Pierre Godinot: [Euh], mais nous, on est plutôt sur la communication institutionnelle. Disons, [voilà] les-- [euh] plutôt que de partager comme à l'époque sur les panneaux, quête parfois la tranche de jambon blanc, et jambon blanc RT [diaphonie 00:25:11- 00:25:13]. [Donc], on préfère communiquer sur des événements effectivement, sur des moments forts de l'année, sur des opérations.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Sur ce genre de choses, [quoi].
::M. Jonathan: Finalement, vous n'avez pas vraiment remplacé le prospectus aujourd'hui, parce que Facebook est resté limité. La publicité, vous avez essayé. Est-ce qu'il y a d'autres choses que vous voulez tenter ? Est-ce que Sy- Système U vous accompagne aussi pour tester de nouvelles pratiques, mettre en place des ex- des expérimentations, par exemple ?
::Pierre Godinot: [Alors], [ben], moi, j'ai été [euh]-- [Alors], j'ai- j'ai-- j'étais servant demandeur auprès de Système U, d'avoir un catalogue, un e-catalogue, déjà.
::M. Jonathan: Ça, c'est pas le cas ?
::Pierre Godinot: Si, c'est le cas.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Mais depuis peu, et justement c'est depuis qu'on a le e-catalogue que nous, on s'est dit aussi : « Là, tiens, c'est le moment de-de couper la distribution des tracts. »
::M. Jonathan: Ok.
::Pierre Godinot: On n'avait pas auparavant de e-catalogue. On en avait un, mais c'était pas du tout fluide.
::M. Jonathan: C'est qui est fou finalement.
::Pierre Godinot: C'est une catastrophe, ouais. [Donc], si on a ce e-catalogue, on a [voilà] tous les supports, les petites maniettes qu'on met sur le frigo, ou autre, avec le-le QRcode, [voilà].
::M. Jonathan: Du classique.
::Pierre Godinot: [Voilà]. Après, il faut savoir que nous, à Vertou, on a aussi un taux promo qui est plus faible que la plupart de nos collègues. Parce qu'on a un magasin quand même, avec un petit peu de pouvoir d'achat.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: [Donc], les gens sont moins promo dépendants que-que certains autres points de vente. [Donc]-[Donc], c'est-- non, ça-ça nous posera pas de problème. Et puis, au contraire, si ça peut nous permettre de-de vendre un peu moins de promo, [rire]. Toujours un peu moins de promo, [euh] ça nous va bien aussi, [quoi].
::M. Jonathan: Il y a une question qu'on-- que je dois forcément vous poser : c'est quoi l'impact ? Aujourd'hui, est-ce que vous avez mesuré avec le recul un impact sur le chiffre d'affaires ?
::Pierre Godinot: Ça n'a pas été évident, parce qu'on était sur un historique qui était compliqué à analyser. On a eu un concurrent qui est arrivé en début d'année dernière aussi, [là], [euh] le Grand Frais, fumée au Grand Frais. [Bon], on s'était prépa- préparés à son arrivée, donc on avait pas-pas franchement peur. [Donc], [là], on a-- nous, on a terminé l'année 2022, on va dire sur un étale. [Euh], [donc] plutôt positif, on va dire, vu les-les-les années de progressions, de fortes progressions qu'on a eues. Parce qu'en 10 ans, le magasin a fortement évolué.
::Pierre Godinot: Ok.
::Pierre Godinot: [Donc], on a réussi à maintenir quand même nos-nos acquis. Et puis [là], le début d'année 2023 est plutôt positif pour nous. On est sur une évolution qui est- qui est- qui est un peu au-dessus de-de-de-de-de- de la situation nantaise, on va dire.
::M. Jonathan: Inflation. [Ah] ! Oui. Inflation comprise, ou ?
::Pierre Godinot: Inflation comprise, oui. [Donc], non, on a le-- l'impact est-- [euh] la-- il n'y a pas d'impact négatif sur notre- sur notre activité, aucun impact négatif sur notre activité.
::M. Jonathan: Même en termes de satisfaction client, vous n'avez pas vu des avis qui vous sont remontés ?
::Pierre Godinot: Non, vraiment--
::M. Jonathan: C'est plutôt positif pour l'instant ?
::Pierre Godinot: Oui, vraiment, on a eu [euh] au tout début un, ou deux clients qui ont gueulé, et puis c'est tout, [hein].
::M. Jonathan: [Ah] ! Oui ?
::Pierre Godinot: C'est- C'est tout. Vraiment, on a eu de la chance. Mais je pense qu'on l'a fait au bon moment. Et quand on l'a fait, [euh] peu de magasins le faisaient en même temps que nous, même quasiment personne.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Et [donc]- Et [donc], forcément, il n'y avait pas cette ambiance, ou ces informations qui circulaient. [Donc], les gens se posaient pas trop la question. Mais [là], le fait que tout le monde y-y aille d'un coup--
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Ça fait aussi parler les journalistes, et cetera. Et à un moment donné, les cli- les clients, ils disaient : « [Bah], oui, c'est vrai que tiens, il-il-- c'est les- c'est les méchants. [Euh], [voilà], les imprimeurs et compagnies, c'est pas bien. » Et [donc], [là], ça fait polémique. [Donc], nous, je pense qu'on est passés à travers les gouttes [rire].
::M. Jonathan: J'ai- J'ai un peu l'impression quand même que c'est un peu un non-événement. C'est devenu un non-événement. Les premiers effectivement [euh] ont-ont eu une amplification média. Mais on se-- on remarque aujourd'hui ceux qui arrêtent, finalement, ils communiquent très peu. Et finalement, pour-pour des zones urbaines comme vous, finalement, c'est pas un événement important, la fin du prospectus.
::Pierre Godinot: [Ben], ceux qui le font [là], honnêtement, c'est par souci d'économie, c'est tout. Moi, je-- mes-mes collègues le font sim- simplement par souci d'économie. Parce que quand tu as des factures d'électricité qui font fois trois, fois quatre, il faut regarder où est-ce que tu peux faire des économies, [hein].
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: [Donc], ce qui est légitime aussi. [Euh], moi, je pense qu'il y a aussi quand même l'aspect écologique, et cetera, qui-qui est- qui est là.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Mais [bon], [euh] c''était lent, si massif, [là], en tout cas dans notre réseau. Et puis d'ailleurs, chez les concurrents également. C'est- C'est notamment aussi par rapport à ça.
::M. Jonathan: Oui, tout le monde s'y met plus ou moins.
::Pierre Godinot: Ça a été l'effet déclencheur. Oui, c'était clair.
::M. Jonathan: Il y a une question un peu d'égo aussi au niveau des enseignes. C'est qui va être le premier.
::Pierre Godinot: C'est ça, qui va être le premier. [Bon], comme Système U était le dernier, on se dit : « [Bon], on va-- c'est pour sauver les imprimeurs. » [Enfin], c'est-- Tu vois ce que je veux dire, [là], c'est--
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: C'est- C'est ça, [quoi]. C'est de la politique à un moment donné, et de l'image. Mm.
::M. Jonathan: On-On sent une forme de modernité de vision, [enfin] de-de vision assez, oui, assez-assez moderne dans-dans-dans ton discours. [Euh], la fin du prospectus, c'est une étape vers une nouvelle forme de commerce. Où-Où va le commerce et la grande distribution dans les- dans les 10 prochaines années ? Est-ce qu'on arrive à se projeter chez U sur ce que va devenir la-[bah] la grande distribution ? Ça bouge quand même très vite en ce moment.
::Pierre Godinot: Oui. [Bah], je-- chez U, précisément, je ne pourrais pas te répondre, parce que je ne suis pas- je ne suis pas dans les petits--
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Dans les petits mouchoirs. [Euh], après moi, ma vision à moi, en tout cas, de-de notre métier, demain, c'est-[euh] c'est- c'est apporter toujours plus de services. Moi, je pense que c'est vraiment ça qui va nous faire continuer à nous fai-- à nous différencier. C'est d'essayer d'apporter encore plus de services. Et ça va être vraiment très complexe. Puisqu'on voit bien qu'humainement parlant, ça devient très compliqué d'avoir des gens [euh] qui ont le savoir-être.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: [Euh] ce que nous, on-on part toujours du principe que le savoir-être est beaucoup plus important que le savoir-faire. Parce qu'on peut toujours former quelqu'un. Par contre, on peut pas refaire son éducation [rire].
::M. Jonathan: Oui, c'est vrai.
::Pierre Godinot: [Donc], on recrute nous, toujours au savoir-être. Mais à un moment donné, on voit bien que les CV, [euh] [voilà], ils tombent de moins en moins. Et [donc], ça va être un vrai défi.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Que de pouvoir proposer plus de services aux consommateurs. Je pense aussi que [ben], la digitalisation [euh] va être- va être très importante par rapport au développement de notre métier, et puis à son- à son changement. Je suis un petit peu moi aussi les-[euh] les startups, et cetera. Je-Je pense un peu [là] au-- à Le Fourgon.
::M. Jonathan: Oui, bien sûr.
::Pierre Godinot: Qui est- Qui est un livreur à domicile de liquides consignés. [Enfin], je trouve que c'est complètement dans l'air du temps, le concept. [Euh], parce que la consigne, on n'arrête pas d'en parler. Moi, je n'arrête pas d'en parler. Je-Je prône la consigne depuis pas mal de temps auprès de Système U. Et je pense que c'est un peu comme les prospectus. Et à un moment donné, il faut être le premier. Comme je le disais tout à l'heure, il faut être le premier à faire les choses. Moi, je serais d'avis à ce qu'on prenne un chemin important en disant : « [Euh], on se met à faire de-- on se met à recycler, à prendre les consignes, à nous équiper nous, en magasin. » On a su le faire avec les bouteilles en plastique. On voit bien, on arrive-- on est en capacité de mettre des machines sur notre parking, ou dans notre galerie commerciale. Pourquoi ne pas le faire avec de la consigne verre ? [Euh], parce que pour moi, c'est vraiment un tournant qu'il faut prendre. D'ailleurs, tous les-- je pense que tous les embouteilleurs, et tous les- tous les métiers du vin et du spiritueux peuvent en témoigner que c'est très, très tendu en ce moment sur ce marché-là.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: [Donc], pour moi, ça va être- ça va être ça. Ça va être le service.
::M. Jonathan: C'est- C'est pas en test chez U ? J'ai- J'ai vu des magasins qui proposaient la consigne. Je crois que c'était en test dans quelques magasins du Grand Ouest.
::Pierre Godinot: Oui, tout à fait la consigne notamment sur les barquettes métiers.
::M. Jonathan: [Alors], les barquettes métiers, oui.
::Pierre Godinot: Des barquettes métiers avec des consignes en aluminium.
::M. Jonathan: Par Bernie, par exemple ?
::Pierre Godinot: Oui, c'est ça.
::M. Jonathan: Mais je parlais des consignes en verre. [Diaphonie 00:32:07- 00:32:08].
::Pierre Godinot: Dans l'est de la France, en Alsace notamment.
::M. Jonathan: Dans l'Est, ça se fait, oui.
::Pierre Godinot: Des magasins qui le font. Après sur la région nantaise, dans le coin, à ma connaissance, c'est-- ça-ça bouge. En tout cas, je trouve que ça bouge vraiment pas assez vite.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: [Euh] et pour moi ça-ça va faire partie des-des axes différenciants, et qui sera le premier à le faire. Et il faut-- Je pense que pour ce genre de choses, il faut vraiment être le premier à le faire. C'est de la communication, mais c'est aussi [voilà] des choses qui sont dans l'air du temps, qui sont importantes. Apporter du service au client.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: On voit bien que notre part de marché e-commerce aussi continue de se développer. Je pense que ça-ça ne va pas aller en rapetissant. Ça va faire que-que grandir.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: On va avoir des magasins à taille humaine. C'est toujours apporter du service. Et puis, un commerce qui continue de se digitaliser, qui apporte- qui apporte à chaque fois plus de services. Parce qu'on voit bien que sinon, les parts du gâteau, elles ne font que de se- elles ne font que de se- de se couper de plus en plus, [donc]--
::M. Jonathan: Il faut aller gratter aussi de nouv- de nouveaux services. Vous l'avez dit. [Bon], effectivement, on pense aux courses U. [Euh], la livraison de domicile, justement que c'est des leviers qui sont importants pour vous.
::Pierre Godinot: Oui.
::M. Jonathan: Est-Est- ce que le digital aussi peut intervenir pour développer ces services, et comment ?
::Pierre Godinot: [Ben], oui, oui, bien sûr. [Ben], le digital, c'est-- justement c'est la relation client. Le digital aussi, c'est le-le- c'est-- le-le-le digital, c'est la relation client [euh] dans les horaires de fermeture du magasin.
::M. Jonathan: Oui, c'est clair.
::Pierre Godinot: Le soir, je suis dans mon canapé, et cetera. C'est- C'est aussi de développer justement cette connaissance du client. Aujourd'hui, elle est pas du tout développée [quoi].
::M. Jonathan: Mm.
::Pierre Godinot: [Euh], moi, je ne suis pas capable de dire quelle est la- l'habitude de consommation de monsieur Michu qui fait ses courses à-- [euh] tous les jours à part à- part à avoir l'étiquette éco citoyen. Parce que le gars, il achète du bio, ou du machin. Mais on-on ne pousse pas du tout à ses vices. Et demain, justement, pour moi c'est ça, ça va être la promotion. Ce sera vraiment pousser, envoyer un catalogue à toutes les promos, à des gens qui s'en foutent. Parce qu'ils n'ont pas de gamins, qui s'en fichent des promos avec les couches-culottes et compagnies. Demain, c'est mieux cibler les intérêts, les appétences de chaque client, ses habitudes de consommation pour aller lui proposer de bonnes offres, des choses intéressantes directement.
::M. Jonathan: Tu penses que la promotion existera encore dans 10 ans ? On voit ce que fait-- veut faire le gouvernement, [enfin] l'Europe, notamment avec la Convention citoyenne pour le climat. On voit qu'ils ont cette envie [euh] d'arrêter toute incitation à la consommation. Et quand on voit ce qui se passe avec les pénuries [euh] qui vont en priori-- qui vont revenir, même si en ce moment, c'est as- c'est assez calmé. Est-ce que le-- la-la fin de la promotion est possible pour la grande distribution ? Est-ce que vous, en tant qu'adhérent [euh] associé, vous pouvez le- l'envisager ?
::Pierre Godinot: Je pense que ce sera-- la promotion ne sera jamais terminée. Et elle trouvera d'autres formes.
::Pierre Godinot: D'autres formes de communication ?
::Pierre Godinot: D'autres formes comme [voilà], [euh] les euros cartes U, [enfin] les tickets Leclerc, et cetera. C'était une nouvelle forme, entre guillemets, de promotion à l'époque.
::M. Jonathan: Plutôt orientée vers la fidélité ?
::Pierre Godinot: Voilà, peut-être que- peut-être que demain, on ira plus sur des offres de parrainages, ou des choses un peu plus personnalisées.
::M. Jonathan: Oui, ou de l'abonnement comme on a vu certaines enseignes le faire. Même si c'est encore assez immature.
::Pierre Godinot: Mais [voilà], je pense qu'y--
::M. Jonathan: L'enseigne de vente est là.
::Pierre Godinot: Je pense qu'il y a des choses beaucoup plus pertinentes à faire. Et justement, ce qu'essaie de faire le- l'État, c'est d'essayer de- d'essayer de-de protéger finalement l'écosystème, en interdisant certaines pratiques qui-qui-qui-qui-qui ont un effet néfaste sur l'écosystème.
::M. Jonathan: [Diaphonie 00:35:19- 00:35:23].
::Pierre Godinot: Ouais, [donc], c'est sur qu'il y a des choses-- c'est des hérésies, et des bêtises. Mais elles sont peut-être nécessaires pour que les choses changent demain.
::M. Jonathan: La grande distri est toujours un peu en porte-à-faux de tout ça. C'est le dernier maillon de la chaîne. Et-Et-Et le secteur sur lequel on peut taper finalement, c'est la grande distribution. C'est- C'est quoi votre regard par rapport à ça ?
::Pierre Godinot: [Ben], on est les vilains petits canards. Moi, je l'ai toujours- je l'ai toujours vu.
::M. Jonathan: Même si ça a un peu changé, mais--
::Pierre Godinot: Oui, [ben], non. Je trouve que depuis ma- depuis ma tendre enfance, j'ai toujours-- je l'ai toujours vu à travers mes grands-parents, mes parents. C'est toujours le cas pour nous. Je pense que le système, il-il va-- il finira par changer aussi par rapport à ça. Parce que [euh] c'est- c'est-- Ouais, on est- on est mal vus- on est mal vus. C'est sur que le-le métier, il est mal vu. [Alors], ça change un petit peu. On essaie de le-le changer. D'ailleurs, les communications télévisées et compagnies sont vachement tournées là-dessus pour essayer de-de donner une image beaucoup plus sympathique. Mais il y a encore du boulot, [quoi].
::M. Jonathan: On pa- On parlait des métiers. C'est une des raisons aussi pour laquelle [bah], les jeunes postulent finalement, moins à la grande distribution. [Enfin], en tout cas, ils y pensent moins. Qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce que vous faites chez U, en tout cas, chez vous, [euh] [bah], pour attirer des jeunes, [euh] les fidéliser, les-les faire progresser aussi. Pour faire progresser tout le monde, bien sûr, mais qu'est-ce qu'on fait pour les fidéliser et pour les attirer ?
::Pierre Godinot: Il faut s'adapter aux nouvelles générations, parce qu'on le voit bien, on souffre de-- des vieilles images qu'on avait. Les fournisseurs qui se faisaient piquer leurs sacoches, qui étaient dans les- dans les bureaux avec la clim à fond, et cetera. [Enfin], on--
::M. Jonathan: C'est un peu clichés.
::Pierre Godinot: On souffre. C'est cliché, mais on souffre de plein de-[euh] de plein de choses de ce type, plein de clichés comme ça. Et [donc], ça, en montrant l'inverse, en po-- en-en le montrant [en fait], pas juste le dire, mais aussi en montrant que maintenant, on travaille dans une bonne ambiance, dans le- dans le respect de l'un et d'autres. Que la négociation, [bah], c'est un partenariat, c'est du donnant-donnant. C'est pas du monoparti.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Que [bah], petit à petit, on va réussir à attirer un peu plus de-de monde [quoi]. Et puis aussi, on le voit bien, on a-- l'un des sujets dans notre métier, c'est aussi le travail du samedi. [Enfin], il y en a beaucoup, mais et [là], on doit s'adapter en organisant pour que nos salariés puissent prendre aussi du bon temps. Ce qui est normal.
::M. Jonathan: Oui. On voit des annonces maintenant. On écrit un samedi sur trois à garantie. Ça, on en voyait pas, il y a encore quatre, ou cinq ans.
::Pierre Godinot: Oui. On le voyait pas, parce que c'était-- le marché n'était pas tendu.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Mais c'est l'offre et la demande. Plus, [rire], plus-plus, il y a d'offres, et [euh] plus-plus, on va aller essayer de séduire les personnes, [quoi].
::M. Jonathan: En-En parlant des métiers, est-ce que-- qu'est-ce que vous faites aussi ? [Enfin], quand je dis vous, c'est U. [Euh] est-ce qu'il y a une volonté aussi de développer l'automatisation, développer de nouveaux outils pour accompagner le travail des équipes ? On-On voit ce qui se passe avec l'intelligence artificielle, par exemple. Est-ce que demain, on pourrait voir des-des-des cas d'usage, où [euh] [je sais pas], les commandes se feraient toutes seules sans avoir l'aide d'un ordinateur par exemple ? En tout cas, d'Unia, [euh] est-ce qu'on pourrait avoir peut-être de la robotique pour soulager les équipes [euh] sur-sur de la manutention ? On voit des exosquelettes aussi. [Alors], j'ai- j'ai pas vu U encore. J'ai cru-- J'ai vu Intermarché le faire. Est-ce que c'est des choses qu'on peut se projeter dans 10 ans, et les voir en grande distribution ?
::Pierre Godinot: Oui, je pense, oui. Nous on a très hâte [rire]. On a très hâte. Et puis, nous, on avait participé à ce que le-le centre informatique de Système U GIE IRIS est de-- est basé à Carquefou.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Et on a fait-- Et moi, j'ai notamment participé à des nuits en magasin, à faire des tests avec des robots qui récoltaient les cartons, et cetera.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: [Euh], on a- on a fait pas mal d'essais là-dessus. Et c'est vrai que ça n'avance pas assez vite, [quoi]. Et nous, on n'a qu'une hâte, c'est que tout ce qui va être- tout ce qui va être tâches liées à une contrainte--
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Soit-- Puissent être robotisées.
::M. Jonathan: Saint-Jean-de-Monts l'a testé, je crois.
::Pierre Godinot: Oui, on était avec Saint-Jean-de-Monts. C'est Sweetie. [Diaphonie 00:38:53- 00:38:56]. C'est un ancien collaborateur anti-systémique et--
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Qui ont- Qui ont lancé leur-leur histoire. Et [donc], [voilà] nous, on n'a qu'une hâte, c'est de pouvoir simplifier tout- toutes ces choses-là. C'est clair, il faut que ça aille plus vite. Il faut que ça aille plus vite. Et, oui, oui, et il y a- il y a énormément de- il y a énormément de tâches [euh] qui pourront être simplifiées. Après, il y a des choses qui sont aussi très accessibles, très faciles à faire, qui ne sont pas déployées aujourd'hui, sur lesquelles on travaille.
::M. Jonathan: Oui, comme quoi ?
::Pierre Godinot: Je pense notamment [là], [euh] je travaille avec un ami vertavien sur une solution d'applications mobiles.
::M. Jonathan: Ok.
::Pierre Godinot: Qui-Qui permet d'être-- [Euh] c'est une application qui permet au magasin de la piloter, de la modifier au fur et à mesure de ses besoins. Et qui permet de régler de-- un certain nombre d'irritants. [Donc], on peut [euh] avoir une application, une plateforme--
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Qui serait présente sur différents téléphones dans le magasin, des smartphones professionnels. [Euh], une plateforme sur laquelle j'ai plusieurs modules.
::M. Jonathan: Ok.
::Pierre Godinot: [Euh], on peut très bien imaginer avoir un module qui permet de remonter toutes les informations RH des équipes. [Inaudible 00:40:00- 00:40:01]. Je suis ma responsable épicerie, j'arrive à cinq heures du matin. Il me manque un gars. J'ai ma RH, qui arrive qu'à huit heures. [Tac], je le lui envoie une-une-une notification [euh] que j'ai un gars qui est absent, qui est en retard, qui est malade, et cetera. Que j'ai besoin d'un renfort pour la semaine prochaine de-de-- [Voilà], on peut imaginer des choses comme ça. Régler des irritants en lien aussi avec le-- les ruptures, ou des problèmes qualité. Je suis responsable qualité. Je dis ça au magasin. Je fais mon audit.
::M. Jonathan: Mm.
::Pierre Godinot: Je-Je fais le point sur toutes les non-conformités, et tout ce que je vois. Et ça renvoie ensuite des-- ça remonte des informations directement adressées [euh] aux différents responsables. Ou [alors], même des-des heu-- même une application qui per- qui permet à l'accueil--
::M. Jonathan: Mm.
::Pierre Godinot: De remonter [ben] tous les retours client. [Euh], [voilà], [donc], aux différents responsables encore une fois. [Euh], [donc], il y a des outils comme ça qui sont super simples à mettre en place, [euh] qui je pense être-- peuvent-peuvent être mis très rapidement pour simplifier aussi.
::M. Jonathan: Oui, c'est intéressant pour monter une information en interne.
::Pierre Godinot: Oui, c'est ça, oui. Il y a l'aspect productivité, la robotique, et cetera, oui. Chercher la productivité, remplacer l'humain, machin.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Et puis, l'aspect service, encore une fois. [Euh] service et qualité qui va être hyper important. [Là], j'étais à Lyon ce week-end [là], pour un salon. [Euh]-[Euh] et j'ai fait un petit tour chez l'Idle. Quand j'ai vu l'Idle à Lyon, [alors], je sais plus que l'Idle, c'était là. Quand j'ai vu un petit peu l'organisation qu'il y avait là, dans ce magasin, j'ai dit : « Quelle catastrophe ! » C'est une cata-- Et je me dis : « Si demain, notre métier c'est ça. » C'est-à-dire des magasins avec des gens qui-qui ne savent pas faire, et qui n'ont pas le savoir-être.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Ni le savoir-être ni le savoir-faire. Certain- Certainement qu'on aura toujours besoin de manger, et de faire nos courses. Mais ça va être une sacrée catastrophe. [Donc], il faut-- je pense qu'il faut vraiment s'activer sur toutes ces choses-là pour simplifier les tâches de travail. Parce que c'est aussi ça qui use le bon personnel. C'est- C'est- C'est toutes-toutes ces-- tous ces satellites autour du métier qui-qui nous embêtent, les-les irritants, qui nous emmerdent, qui usent au fur et à mesure du temps. Et c'est ça qui est dommage. Que c'est un métier qui est tellement passionnant, que-- qui-- quand on met le pied dedans, [ben], c'est-- on a envie de voir plein de choses, d'apprendre beaucoup de choses. [Euh], mais [voilà], tout ce qui-- toutes les- toutes les petites-- tous les petits emmerdes qu'il peut y avoir autour, faut absolument qu'on trouve des solutions pour les éliminer. Si on veut que demain, on ait des gens compétents, et-- [diaphonie 00:42:22- 00:42:23], et qui restent dans notre métier.
::M. Jonathan: Un-Un dernier mot. On voit beaucoup d'enseignes aujour- aujourd'hui qui apparaissent. [Euh], le dernier en date, c'est Toujust. [Euh], on a vu Atacadão aussi en région parisienne qui a un peu de mal à s'implanter. [Euh] c'est quoi vos- c'est quoi vos dor-- ton regard sur ce maillage commercial ? J'entends qu'il y a tellement d'offres aujourd'hui. [Euh] et je compte- je ne compte pas d'ailleurs les maraîchers. Je ne compte pas les producteurs locaux, les biocoops qui sont un peu en difficulté. Mais c'est quoi ta-- ton regard sur ce-ce maillage commercial aujourd'hui ? Il y en a pas un peu trop ?
::Pierre Godinot: Moi, je me dis que s'il y a des entrepreneurs qui se lancent dans ce genre de projet, c'est qu'ils voient finalement [euh] des besoins. Et aussi, peut-être qu'ils ont une image vieillissante aussi, de-- des enseignes déjà présentes, dont la nôtre.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: Je pense. Moi, je me dis : « C'est des gens qui se disent que finalement, on ne fait pas le job, et qu'il y a des trucs à faire, [là]. »
::M. Jonathan: Oui, c'est ça.
::Pierre Godinot: Et-Et [donc], d'où- d'où l'existence de ces enseignes. [Donc], il y en a qui viennent, et puis qui vont repartir, [là]. [Euh], et puis, il y en a qui vont rester. Et je pense vraiment, moi, que dans les- dans les années à venir, le-- ça va continuer-- le gâteau va continuer de se partager en de plus en plus de petites parts.
::M. Jonathan: [Ah] ! Oui, tu penses ?
::Pierre Godinot: Oui, moi, je pense vraiment. Et [tu vois], tout juste, [bah], c'est- c'est-- je crois que c'est une enseigne qui-- où c'est les producteurs, fournisseurs qui sont adhérents, ou coopérateurs.
::M. Jonathan: C'est ça, oui.
::Pierre Godinot: Mais pourquoi ? [Ben], pour avoir une juste rémunération, pour avoir les produits en magasin. [Diaphonie 00:43:36- 00:43:38]. [Donc], la juste la rémunération. Puis, aussi, [ben], aussi le-- avoir les produits en rayon tout simplement. Aujourd'hui, c'est un défi [rire] dans notre métier d'avoir des produits dans nos rayons.
::M. Jonathan: Oui.
::Pierre Godinot: [Donc], demain, c'est sûr que tu as des producteurs, c'est leur propre enseigne. [Ben], ils vont fournir leur magasin avant-avant-avant les autres.
::M. Jonathan: Mais ça, U, [enfin], U, je dirais le Leclerc, Intermarché, vous le faites déjà, ça ?
::Pierre Godinot: [Ah] ! Oui, mais [bon], tu vois bien ce qui fait notre force aussi par rapport à ce genre d'enseigne, nous, c'est- c'est aussi la largeur de l'offre. À un moment donné, c'est sûr qu'on peut se permettre aussi d'avoir un peu de rupture. On a une offre tellement large que le client-- [diaphonie 00:44:07- 00:44:08].
::M. Jonathan: Et les services qu'il y a autour aussi, d'où l'intérêt. [Enfin], c'est un élément de différenciation aussi.
::Pierre Godinot: Oui, aussi. Oui, c'est clair.
::M. Jonathan: Merci beaucoup, Pierre. C'était intéressant. On en a retenu beaucoup. [Enfin], on a fait un podcast qui a duré 45 minutes. Plutôt très content. [Euh], merci pour ton échange en tout cas, c'était--
::Pierre Godinot: Merci Jonathan [rire]. C'était un plaisir.
::M. Jonathan: Merci à tous d'avoir écouté ce podcast jusqu'ici. Pour retrouver des informations sur notre invité, et accéder à différentes ressources, cliquez sur la description pour en savoir plus. Ce podcast est produit par le média indépendant « Je bosse en grande distribution. » Chaque semaine, nous proposons un regard différent sur la vie des magasins, des enquêtes, des décryptages, des témoignages. Retrouvez-nous sur notre site, et rejoignez la première communauté des professionnels de la grande distribution sur Facebook, LinkedIn, Instagram, TikTok. Vous êtes plus de 450 000 à nous suivre. Vraiment, un grand merci pour votre fidélité. Et pour celles et ceux qui veulent aller plus loin, nous proposons toute une série de ressources, et d'accompagnement à destination des commerces. Pour en savoir plus, cliquez dans le menu Agence, ou Ressources sur l'accueil de notre site. À bientôt !